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241. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Benjamin, qui le voyait faire, qui entendait causer ceux qui y contribuaient de leur plume, et qui lui-même travaillait à l’imprimer, eut l’idée de donner quelques articles ; mais, sentant bien qu’on les refuserait avec dédain à cause de sa jeunesse, si on l’en savait l’auteur, il les fit arriver d’une manière anonyme et en déguisant son écriture. Les articles réussirent ; il en jouit intérieurement, et retint assez longtemps son secret jusqu’à ce qu’il eût épuisé ce qu’il avait à dire. Cependant son frère fut arrêté et emprisonné par ordre du président de l’Assemblée générale du pays pour avoir inséré un article politique d’opposition : il ne fut relâché que moyennant défense de continuer à imprimer son journal. […] Après avoir donné quelques articles dans le journal déjà existant à Philadelphie, il ne tarda pas à avoir lui-même sa gazette, dont il était l’imprimeur, et à disposer ainsi des principaux moyens d’influence et de civilisation dans la ville et dans la province. […] Dans les premiers articles qu’il donnait une fois par semaine dans les gazettes du lieu, il s’efforçait de polir les mœurs, les usages, de corriger les mauvaises et inciviles habitudes, la grosse plaisanterie, les visités trop longues et importunes, les préjugés populaires superstitieux et contraires aux bonnes pratiques.

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