Cette première existence de l’abbé de Périgord, homme de plaisir en même temps qu’agent général du clergé, et qui, à la veille de la convocation des États-Généraux, venait d’obtenir l’évêché d’Autun, n’est que très rapidement esquissée et à grands traits par sir Henry Bulwer, qui est pressé d’arriver à l’homme public. […] Jugeant les hommes avec indulgence, les événements avec sang-froid, il a cette modération, le vrai caractère du sage… « Amène ne songe pas à élever en un jour l’édifice d’une grande réputation ; parvenue à un haut degré, elle va toujours en décroissant, et sa chute entraîne le bonheur, la paix ; mais il arrivera à tout, parce qu’il saisira les occasions qui s’offrent en foule à celui qui ne violente pas la fortune. […] Sir Henry Bulwer a discuté cet acte capital de l’évêque d’Autun avec bien de l’impartialité, et, après l’avoir exposé dans tous les sens, il ajoute : « Mais il arriva alors, comme cela se voit souvent quand la passion et la prudence s’unissent pour quelque grande entreprise, que la partie du plan qui était l’œuvre de la passion fut réalisée complètement et d’un seul coup, tandis que celle qui s’inspirait de la prudence fut transformée et gâtée dans l’exécution. » Cette motion et l’importance qu’elle conférait à son auteur auraient très probablement porté l’évêque d’Autun à un poste dans le ministère, si les plans de Mirabeau avaient prévalu. […] Je me condamne donc, et je me fais un devoir de l’avouer ; car depuis que le règne de la vérité est arrivé, en renonçant à l’impossible honneur de n’avoir aucun tort, le moyen le plus honnête de réparer ses erreurs est d’avoir le courage de les reconnaître11. » Voilà un Talleyrand bien humble, bien exemplaire, bien soucieux du qu’en dira-t-on.