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1040. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Quand l’Italie commença à vieillir, elle produisit les poèmes facétieux du Morgante, du Roland amoureux, du Roland furieux ; quand l’Espagne toucha à sa sénilité, elle produisit le Don Quichotte ; quand la France sentit les atteintes de l’âge après son dix-septième siècle, elle produisit Voltaire et la Pucelle ; quand l’Angleterre eut passé son âge de raison pour arriver à son âge de désillusion littéraire, elle produisit le Don Juan de Byron, ce poème de l’ironie de toute chose, même de l’amour et de la poésie. […] Et puis cependant elle était si gaie et si jeune d’esprit que cet attendrissement, sans cesse dévié par son sourire, n’allait pas jusqu’à la passion et s’arrêtait au charme ; le charme est ce crépuscule et ce pressentiment de l’amour, où l’amour devrait s’arrêter éternellement, pour n’arriver jamais jusqu’au feu, jusqu’à l’amertume et jusqu’aux larmes. […] Nous voici arrivés au cinquième chant ; c’est, selon, moi le chef-d’œuvre de l’imagination de l’Arioste. […] Écoutons-le un moment : « Renaud, cherchant aventure en Écosse, arrive dans un monastère, monté sur son cheval Bayard, cheval infatigable, machine d’opéra nécessaire à transporter ce paladin d’un pôle à l’autre. […] Un chevalier inconnu, arrivé la veille, allait combattre Lurcins dans une prairie voisine transformée en lice ; le féroce duc d’Albanie, en qualité de connétable, présidait en champ clos.

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