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843. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Toutefois je ne pus pas m’empêcher de me joindre à tant d’autres concurrents ; et je n’osai pas m’abandonner entièrement aux espérances que m’inspiraient les promesses que le Pape m’avait adressées deux ans auparavant, promesses se résumant en ces mots : « Nous veillerons nous-même à votre avancement. » « Je comptai plutôt sur ses bonnes dispositions, et ne me laissai pas arrêter par le peu de temps écoulé depuis ma dernière promotion. […] Le gouvernement romain ne s’opposa point à sa marche ; Consalvi est arrêté, Pie VI est emmené à Sienne ; de là à la Chartreuse de Florence, puis à Briançon, en France. […] « Un certain amour-propre devait », disait-il, « les arrêter en pensant que, si l’on voulait faire un Pape jeune, leur position deviendrait humiliante, ce qui n’aurait pas lieu en choisissant le Pape parmi les plus âgés. » Le prélat lui répondit qu’il n’y avait dans le parti Bellisomi que trois cardinaux au plus qui pourraient peut-être bercer leur esprit de semblables idées, puisque les autres ou ne désiraient pas la papauté, ou appréciaient les difficultés qui les en éloignaient ; qu’au reste il fallait laisser au cardinal Braschi le soin de réunir sur Chiaramonti les votes du parti Bellisomi, et que si Son Éminence le permettait, il allait confier le projet à ce cardinal sous la plus grande réserve. […] La bonne volonté et l’attachement à son maître ne manquaient pas à ce familier (l’abbé Poloni) pour exécuter une telle entreprise de concert avec le cardinal dont il connaissait si bien à fond le caractère, qu’il savait toutes les manières de le prendre pour s’en servir utilement. » Le plan ainsi arrêté sur ce point et dans cette entrevue fournie par le hasard, les deux interlocuteurs, chacun de son côté, s’occupèrent de le réaliser sans aucun retard.

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