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680. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Mais, je m’arrête : je voulais indiquer un fait dans l’histoire du goût, et non médire de Boileau qui, dans son domaine, était grand poëte aussi. […] Ainsi, dans un débris de ses hymnes, nommant Apollon, Pindare dit encore : « D’un pas, il a franchi la terre et les mers ; et, sur les hauts sommets des monts, il s’est arrêté ; et il a ébranlé les abîmes, en jetant les fondements de ses bois sacrés13. » N’y a-t-il pas là, dans l’idolâtrie même, comme l’accent d’une loi nouvelle et plus douce ? […] Le monstre cilicien aux cent têtes, Typhon, ne s’en sauva pas, ni le roi des géants ; ils furent domptés par le tonnerre et par les flèches de ce dieu Apollon, qui, d’un cœur bienveillant, a reçu le fils de Xénarque, revenant de Cirrha, couronné de l’herbe du Parnasse et des chants doriques22. » Et il poursuit cet éloge de la paix domestique, de la tranquille discipline des cités, dans la patrie de l’impétueux Achille : tant il semble surtout vouloir armer les hommes contre ce géant aux cent têtes, ce monstre populaire, dont la force brise tout, si la loi ne l’arrête !

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