D’autre part, la Renaissance apprenait aux classes moyennes de la nation que de très grands peuples (ou au moins un) avaient vécu, et brillamment et glorieusement, et produit une civilisation extrêmement belle, sans avoir connu le Christianisme et guidés peut-être par ceux-là mêmes qui n’avaient aucune religion, mais seulement une philosophie toute personnelle. […] Partiellement, c’est bien en effet ce qui arrive ; et, précisément par suite de ce goût qu’ont les Français de désapprendre ce qu’ils ont appris, par cet effet de l’éducation chez les Français qui est de les faire réagir contre l’éducateur. […] On ne songe pas assez qu’il n’y a que les gens réfléchis qui aient une conscience, puisque la conscience est une réflexion de l’esprit sur l’acte, réflexion qui devient peu à peu préalable et apprend à s’exercer sur l’acte à faire, après s’être longtemps exercée sur l’acte fait ; mais réflexion toujours. […] Il croit qu’on a changé l’homme et créé un homme artificiel ; mais il ne met pas la morale au nombre des choses qu’on lui a apprises, qu’on a introduites en lui pour le changer ; et, tout au contraire, il considère la morale comme la chose qui est la plus naturelle à l’homme et comme une des choses dont la civilisation le dépouille et le vide. […] Le parti anticlérical était alors concordataire ou affectait de l’être, ayant appris quelque peu l’art de « sérier les questions ».