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653. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Dans l’original espagnol, don Diègue, à bout d’une première épreuve, en veut tenter immédiatement une autre ; il appelle successivement ses trois fils, il leur serre les mains l’un après l’autre, ainsi qu’on l’a vu dans les romances, et, faisant crier de douleur les deux premiers comme des femmes, il les chasse de sa présence : « Ah ! […] Va-t’en, honte de mon sang. » Mais lorsqu’il en vient à Rodrigue à qui il fait plus que de serrer la main, puisqu’il lui mord un doigt, voyant le rouge lui monter au front et sa douleur s’exhaler par la menace et la colère, il l’appelle « le fils de son âme », et lui confie le soin de sa vengeance ; il croit devoir lui expliquer en même temps, par manière d’excuse, pourquoi il s’est adressé à ses cadets avant lui : « Si je ne t’ai pas appelé le premier, c’est que je t’aime le mieux. […] La scène suivante de provocation, quand Rodrigue appelle le comte, n’était pas moins saisissante en son lieu et à son moment. […] C’est plus naturel ; mais aussi ce que nous appelons les bienséances, — même les bienséances en matière de duel, — n’est pas observé. […] C’est spirituel, c’est ce que j’appelle le pot au lait de l’infante ; mais c’est de l’esprit perdu.

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