… II C’est le xixe siècle, du reste (et l’Histoire littéraire devra lui reconnaître cette supériorité), qui a mis dans le monde ces grands producteurs, comme il les appelle dans le jargon de sa manie économique, qui savent tirer de leur cerveau ce nombre de volumes en disproportion (a-t-on cru longtemps) avec la force de l’esprit humain, et qui ne le sont pas même avec sa faiblesse. […] Excepté Walter Scott, génie accumulé, replié longtemps sur lui-même, et qui écrivait tard sous la pression d’une cruelle infortune, et Balzac, — un homme à part, — constitué pour le travail comme Mabillon, avec cette tôle étonnamment féconde que n’ont pas d’ordinaire les grands travailleurs, vous n’avez dans le xixe siècle que de ces immenses fécondités qu’il faudrait plutôt appeler des incontinences, et dont la facilité de production tient bien plus à l’avachissement de l’esprit par le métier qu’à son énergie par l’exercice sévèrement entendu du talent. […] Eugène Sue, qui fut de cette école qu’on pourrait appeler les Pondeurs du xixe siècle et dont les livres, il faut bien le dire, ne sont pas uniquement l’impulsion désintéressée de leur génie, doit donc, pour être compté en littérature, se réclamer de facultés plus hautes que celles qu’il partage avec les plus minces esprits de ce temps.