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1621. (1883) Le roman naturaliste

Si, comme le dit Flaubert lui-même, — un peu lourdement, — dans la très curieuse Préface qu’il a mise aux dernières chansons de son ami Louis Bouilhet, si « les accidents du monde, dès qu’ils sont perçus, vous apparaissent comme transposés pour l’emploi d’une illusion à décrire, tellement que toutes les choses, y compris votre existence, ne vous semblent pas avoir d’autre utilité », c’est-à-dire, si vous considérez le monde, la nature, la vie, l’homme enfin comme des choses qui seraient faites pour l’art, et non plus l’art comme une chose qui serait faite pour l’homme, vous êtes artiste, au sens entier du mot, dans la force et dans la profondeur du terme. […] Il apparaît clairement dans la disposition même des parties de la phrase, et jusque dans la façon d’amener le trait final. […] Et puis ils comprendront comment la morale, enveloppant ainsi toutes les relations de la vie journalière, très loin d’apparaître dans les romans de George Eliot sous l’aspect importun et fâcheux qu’elle a si souvent dans le roman anglais, leur donne au contraire la plénitude même et la profondeur de sens qui place Adam Bede, le Moulin sur la Floss et Silas Marner au premier rang de l’art contemporain. […] Cependant je ne puis méconnaître, dans le roman de Flaubert et dans les romans de Balzac, un art de composition qui n’apparaît jamais plus concentré que quand, par hasard, on en fait la comparaison avec l’ordonnance vraiment trop libre et trop négligée de la plupart des romans anglais.

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