Telle, en quelques mots, l’histoire de ce grand métaphysicien, trop resté, pour être aperçu, dans la pure lumière de l’abstraction, intolérable à tant d’esprits ! […] C’est, comme on le voit, toute une métaphysique, introduite, par un esprit d’une intuition supérieure, dans les données éternelles de la théologie chrétienne ; et quoique le livre, fourmillant d’aperçus, contienne bien autre chose que cette métaphysique, elle n’en est pas moins là son mérite le plus éclatant, et qui le classera le plus haut. […] Il ne l’a pas trouvé même en France, sa belle patrie ; car le livre que voici, qu’on a republié avec une obstination courageuse, y existait depuis plus de trente ans comme un diamant dans une caverne, et les têtes philosophiques de la Revue des Deux-Mondes, qui revoit, mais qui ne voit pas, n’en ont jamais dit le moindre petit mot, et les lunetiers de l’Académie des sciences morales n’ont pas aperçu le diamant. […] Pour mon compte, je crois ravoir souvent dit, je ne tiens pas en grand respect la métaphysique, ayant travaillé assez de temps dans ce moulin vide pour m’apercevoir qu’il n’y avait jamais de grain à moudre sous cette roue qui allait toujours ! […] Ainsi, on a du talent et plus que du talent ; on écrit un livre de la plus haute et de la plus rare éloquence ; on sème dans ce livre les aperçus et les axiomes ; à chaque mot, c’est, pour le lecteur, une décharge électrique d’idées neuves dans la tête et dans la poitrine ; — et tout cela est inutile !