Et où est-il, ce poème épique que l’Europe lit à son insu depuis des siècles sans que ses poètes s’en soient aperçus ? […] Nous ne comprenons pas que M. de Chateaubriand, qui a fait un si beau livre et un livre souvent si sophistique sur les beautés poétiques de la religion chrétienne, se soit acharné à prétendre que le christianisme avait enfanté des foules de poèmes prétendus épiques, tantôt avec le merveilleux des contes arabes, comme dans le Tasse ; tantôt avec le merveilleux mixte de l’Évangile et de l’Olympe, comme dans le Dante ; tantôt avec le merveilleux des froides allégories, comme dans Voltaire, sans s’apercevoir que tous ces poèmes n’étaient pas les véritables épopées nationales du monde chrétien, mais que la Bible était la seule épopée, et que Moïse était le seul Homère des siècles et des peuples qui datent de la Bible. […] XXVIII Nous ne pouvons terminer cet aperçu rapide sur la langue du siècle de Louis XIV, sans nous arrêter un moment sur le principal caractère de la littérature de ce siècle. […] C’est dans l’oraison funèbre surtout que s’aperçoit pour la première fois le confluent de l’éloquence sacrée et de l’éloquence profane, de la chaire et de l’académie, du pontife et de l’homme de lettres. […] Nous espérions terminer ce premier aperçu sur le caractère de la littérature française dans ces deux entretiens.