Merlin y raconte lui-même ses années d’études et de première jeunesse, son temps de séminaire et de noviciat ecclésiastique, ses velléités de vie religieuse et d’entrée au cloître, presque aussitôt dissipées et suivies d’une émancipation complète. […] Le roi de Prusse, qui assiégeait la place en personne, y conçut pour Merlin une estime particulière qui paraît avoir été réciproque, et lorsque, des années après, on entrait dans le cabinet de l’ex-conventionnel, on était étonné d’y trouver d’abord le portrait de ce roi. […] J’en viens au récit qu’il a donné lui-même de ses premières années, récit très simple, très naturel, je l’ai dit, philosophique d’impression et de résultat, mais nullement révolutionnaire de forme et de langage. […] Le parfait chartreux était celui qui, interrogé à l’article de la mort sur ce qu’il avait fait pendant quarante années de silence, répondait par cette parole du Psaume : « Cogitavi dies antiquos, id annos æternos in mente habui.— Je songeais aux jours anciens, et j’avais dans l’esprit les années éternelles. » Au lieu de ce tableau à la Lesueur, Merlin nous fait assister au spectacle d’une communauté mangeante et buvante, qui appellerait le pinceau de quelque maître hollandais grotesque : « A diverses fêtes où les chartreux se réunissaient, on m’accordait la faveur insigne de manger avec eux au réfectoire.