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170. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Dans cet instant, mon petit faon favori était auprès de nous : « Bois le premier », lui dis-tu avec douceur, en lui tendant la coupe végétale ; mais le timide animal, peu habitué à ta vue, n’osa pas s’incliner pour boire, tandis qu’il but sans défiance quand je pris la coupe de ta main, et que je la lui tendis dans la mienne. […] Petit mutin, c’est donc ainsi que tu feras sans cesse le tourment de ces jeunes animaux, placés comme nous sous la protection de notre divin Gourou. […] Toute cette conduite de ma part excite encore en moi le plus grand étonnement : n’en ai-je pas agi aussi follement qu’un homme qui, après s’être refusé obstinément à reconnaître un éléphant, tant que la masse bien distincte de cet animal lui frappait la vue, ne se serait ensuite laissé convaincre qu’à l’inspection de la trace énorme de ses pas ? […] Les animaux eux-mêmes, par leur attitude à l’aspect de ces enfants mystérieux, exprimaient leur étonnement et leur attrait. […] L’un des fils de Rama protège l’animal, et fait face aux soldats ; il tend son arc sous une grêle de flèches, et s’écrie en tirant les siennes, seul contre tous !

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