Ce qui fait la grâce et la naïveté en ces sortes de fables, c’est quand, tout en représentant quelque vice humain, les animaux restent un peu eux-mêmes, c’est quand il y a, de la part du poète, des instants de confusion et d’oubli, et que d’heureux détails, d’une vraisemblance naturelle, viennent ôter à l’ensemble ce qu’une allégorie trop constante y introduirait de minutieux et de tendu. […] Renart est accusé devant le roi des animaux, Noble, le Lion, d’avoir fait tort à Ysengrin et notamment de lui avoir séduit sa femme, dame Hersent la Louve. […] Sire Noble, le Lion, convoque tous les animaux en son palais pour juger du cas et pour prononcer sur la plainte qu’a portée par-devant lui Ysengrin ; c’est une cour plénière. Tous les animaux s’empressent de s’y rendre ; aucun n’oserait être en retard, aucun, excepté l’accusé Dom Renart qui se tient enfermé dans sa tanière ou forteresse de Malpertuis, attendant que l’orage soit passé. […] Là-dessus chaque animal, chaque haut baron donne son avis, et chacun selon son humeur et son caractère.