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1032. (1922) Gustave Flaubert

De là une impersonnalité qui devient inhumanité et nous donne conscience de l’homme comme d’une espèce animale. […] Dans une lettre de la même époque, il s’extasie devant cette phrase des Contes de Perrault : « Il vint des rois de tous les pays ; les uns en chaise à porteurs, d’autres en cabriolet, et les plus éloignés montés sur des éléphants, sur des tigres, sur des aigles. » Il semble qu’on y voie le dessin de cette mystérieuse et inconsciente convocation, de cet appel d’air qui attire contre Carthage, derrière le premier plan des mercenaires méditerranéens et septentrionaux, tous ces peuples africains, les plus lointains et les plus sauvages, jusqu’aux noires racines animales de l’arbre humain. […] Et le sentiment qu’il éprouve pour Salammbô, c’est évidemment l’amour, mais venu de profondeurs magiques, animales et divines à la fois. […] Pendant leur séjour à Fontainebleau, alors qu’à Paris la bataille de Juin fait rage, la nature de Rosanette, comme celle de Frédéric, s’épanouit dans la verdure en doux bonheur animal, en attendrissement, en confidences. […] Les enfants tiennent à leurs joujoux ; tous les peuples sont de mon avis, tous les animaux : le lion même, s’il pouvait parler, se déclarerait propriétaire ! 

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