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657. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

La guerre servait aux Vénitiens, comme plus tard aux Anglais, à étendre le trafic entre les peuples. […] Dans cet élan vers la conquête et vers l’absorption universelle de toutes les Italies, malgré la France qui les déconseille, un prince sans peur, un roi d’avant-garde, comme disait Murat, servi par un ministre équilibriste, paraît changer de point d’appui, et, Français avant la lutte, devenir Anglais après la victoire ; l’Angleterre, qui cherchait depuis tant de siècles une position politique navale et territoriale contre nous au Midi, a souri aux envahissements prétendus italiens du Piémont. L’Angleterre espère dans la maison de Savoie un allié que nous avons fait redoutable, une puissance de trois cent mille hommes sous les armes pour y appuyer son levier anglais et antifrançais au pied des Alpes ; la France pourrait regretter son sang versé en faveur d’un allié pour qui un service est le prélude d’une exigence… Jamais, en six mois, une puissance n’a autant grandi par l’imprudente connivence de l’Angleterre ; sa grandeur démesurée n’est plus un service rendu à l’Italie, elle est un danger.

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