Ils en avaient plus que l’amour : ils en avaient l’engouement. […] Louis XV, dégoûté de Marie Lecsinska, aimée (si on peut prostituer ce mot sacré) comme la femelle l’est, une minute, de son mâle, et laissée là, sans que cette vertueuse Maladroite de l’amour conjugal ait eu la puissance de le retenir et de le captiver, Louis XV, — il faut bien dire le mot, — l’empêtré Louis XV, malgré sa beauté et la royauté qui s’ajoutait à cette beauté pour la rendre irrésistible, fit attendre un moment le règne des maîtresses, et c’est alors qu’on vit la France tout entière lutter presque de proxénétisme empressé avec les grands seigneurs et les valets de cour qui le poussaient à l’adultère ! […] son peuple même qui entourait le roi de sa complicité, qui lui souriait, l’encourageait, comme si, habituée par les Bourbons à la jolie gloire de la galanterie, la France ne pouvait comprendre un jeune souverain sans une Gabrielle, et comme si, dans l’amour de ses maîtres, elle trouvait une flatterie et une satisfaction de son orgueil national ! […] L’oubli de son personnage de roi, la délivrance de lui-même, toutes choses que ne lui donnait pas la reine, voilà ce que Louis XV demandait à l’adultère, voilà ce que, toute sa vie, il devait y chercher… » Tel il est, ce portrait que je n’ai pas voulu abréger et que je trouve, presque à ma surprise, dans cette histoire de Madame de Châteauroux, dans le récit des amours de madame de Mailly, de ce premier de tous les adultères qui vont suivre ! […] Pauvre bacchante, elle, que cette Mailly, chez qui, un jour, l’amour monta des sens profanés jusqu’au cœur !