L’amour maternel, le patriotisme, bien des tendances qui sont considérées comme des vertus absolues en soi, conseillent journellement des crimes ou des vilenies. […] Et l’on ne préconise guère, en effet, la morale de la pitié ou de l’amour sans rabaisser quelque peu la justice, réduite à passer pour dure et fâcheusement inflexible. De même, pour la morale de la justice, l’amour et la pitié sont des guides peu sûrs, capables de dangereuses faiblesses. […] S’il y a dans l’amour du mal4, une sorte de recherche inconsciente ou pervertie du bien, réciproquement, dans l’amour du bien comme on le comprend, il s’insinue forcément une pointe d’amour du mal, de l’excès, de la déviation, sans lesquels la « vertu » ne pourrait exister. […] Et l’on ne peut dire encore où aboutira cette transformation qui part de la famille de la cité antique et semble actuellement se diriger vers l’amour libre et la socialisation de l’enfant.