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1323. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

» XI Enfin, cet être infini et mystérieux dans ses desseins me prête de siècle en siècle des lueurs pour m’approcher de lui par des spectacles rapprochés et plus sublimes ; je finis non par comprendre, car l’étincelle ne peut comprendre l’étoile, mais par conjecturer je ne sais quoi d’immense, de parfait, d’accompli, qui me contient moi et les univers, et qui, sous le nom de divinité ou de Providence, m’a donné, tout insecte invisible que je suis, la même place, le même rang, la même part d’importance, d’attention et d’amour qu’à ses soleils. […] Elle est diversifiée, agitée, charmée, ennuyée par une foule d’autres passions, parmi lesquelles l’amour est la plus impérieuse et la plus brûlante, l’amour qui est le premier et le dernier mot de la nature, l’amour, image terrestre de ce suprême amour qui aspire à créer, qui jouit de créer, et qui sans savoir ce qu’il veut éprouve, en créant, quelque chose d’analogue au plaisir que la création divine donne à celui qui crée, — l’attrait divin, le plaisir de Dieu en créant l’homme et les mondes ; — attrait tel que l’homme y sacrifierait mille fois sa courte vie.

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