La comtesse Diane Celui de mes amis dont je rapporte quelquefois ici les propos, voyant sur ma table un de ces mignons recueils de « pensées » et de « maximes » que publie l’éditeur Ollendorff, eut une moue dédaigneuse d’homme supérieur — cette moue de Pococurante qui faisait dire à Candide : « Quel grand génie que ce Pococurante ! […] Beaucoup de pensées de cette espèce commencent ainsi : Il y a une douceur secrète… Il y a je ne sais quel charme… Il y a un plaisir délicat… Par exemple : Il y a un plaisir délicat, pour un bel homme, à respecter la femme de son ami. […] Maintenant il est très vrai que, même quand les pensées ne sont qu’un jeu d’esprit, il faut encore beaucoup d’esprit pour y réussir agréablement. » Je ne retiens que cet aveu de mon ami Pococurante. […] Je prends au hasard dans cette poignée de maximes aussi capricieusement éparses qu’une poignée de jonchets, quelques-unes de celles que j’aime le mieux et qui rentrent le moins dans les catégories prévues par mon ami Pococurante : Je ne crains pas Dieu s’il sait tout. […] Celui qui arrange un mariage sacrifie d’ordinaire une de ses connaissances à un de ses amis.