Le livre le surprit en bien et dépassa de beaucoup son attente : « Il est, disait-il, beaucoup plus fort de pensées, de justesse et de précision dans le style que je ne l’en croyais capable. » Et il ajoutait naïvement : « Il y en a bien les trois quarts que je me ferais honneur, de signer. » Je le crois bien. […] Il apprécie donc Fauriel, sa conscience, son savoir, et même cette sorte de génie d’investigation et d’initiative que, lui, il était loin d’avoir au même degré ; puis il ajoute avec plus de finesse qu’on ne lui en croirait : « Son livre pourrait être meilleur que le mien, mais il a un défaut, c’est qu’il ne le fera pas ; il n’a jamais rien publié, et il est incapable d’amener rien à terme. […] Il est à regretter que cet entretien dont on n’a cité que des fragments, mais dont Sismondi avait envoyé un récit complet à sa mère, et qui s’ajouterait si bien à ceux que Benjamin Constant nous a transmis dans ses Lettres sur les Cent-Jours, n’ait pas été donné en entier. […] Ce qui autorise à reconnaître Mme de Staël dans ce passage, c’est la manière dont Sismondi a parlé de l’Ellénore d’Adolphe, dans laquelle il la retrouvait également (lettre du 14 octobre 1816) ; il déchire, à cette occasion, tous les voiles, et après avoir dit à Mme d’Albany qu’il a lu deux fois Adolphe, il ajoute : « Vous trouverez que c’est beaucoup pour un ouvrage dont vous faites assez peu de cas, et dans lequel, à la vérité, on ne prend d’intérêt bien vif à personne.