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563. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Enfin deux odes grecques dans le goût d’Anacréon s’ajoutaient comme provenant du même manuscrit. […] J’ajouterais qu’il n’a pas omis non plus le morceau satirique sur les femmes, si cette pièce ne paraissait devoir être attribuée à un autre Simonide. […] Voilà que loin de toi, quand le plus beau de notre âge nous sourit, inconnus du monde entier, nous mourons pour cette nation qui te tue. » — « Et leur plainte, ajoute le poëte, ne fut entendue que du désert boréal et des forêts sifflantes. […] Dans la préface en prose de cette canzone, Leopardi rappelait le mot de Pétrarque : Ed io son di quei che’l pianger giova (Et moi aussi je suis de ceux qui se plaisent à la plainte) : « Je ne dirai pas, ajoute-t-il, que la plainte soit ma nature propre, mais une nécessité des temps et de la fortune. » Et en effet on ne peut douter, rien que d’après ces débuts, de la nature avant tout mâle et antique de Leopardi ; elle continuera de se dessiner de plus en plus. […] Mais assurément (je ne puis m’empêcher encore d’ajouter ceci) la plus criante incohérence, dans le cas présent, c’est d’avoir fait intervenir de but en blanc le plus noble, le plus sobre, le plus austère des poëtes, pour appuyer une théorie où il est surtout question de Lisette et de Margot, et où, pour tout idéal d’art sérieux, l’enfant d’Épicure et d’Ovide s’écrie : Vive d’un doigt coquet le livre déchiré Qu’arrose dans le bain le robinet doré !

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