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372. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Ajoutez que les amis ne m’ont jamais manqué, et que ma raison, plus forte que ma santé, m’a aidé à diriger mon frêle esquif à travers flots et tempêtes, sans faire naufrage à mon honneur ni à mon indépendance. […] Pour cela, il ne faut que vouloir à votre âge ; continuez de chanter ; votre voix n’est pas celle de tout le monde… » Et comme il s’agit de vers, et que c’est à un rimeur qu’il a affaire, il ajoute, en appuyant sur la corde sensible : « Le bien que je vous ai dit de vos vers, ceux-ci viennent le confirmer. […] Un jour, Lamennais veut louer Béranger dans un de ses livres, et il le fait sans restriction aucune : le passage est communiqué d’avance au poëte qui lui répond par ce petit avis, mêlé au remerciement : « A des louanges aussi flatteuses ne conviendrait-il pas d’ajouter : Il est fâcheux qu’en chantant pour le peuple, Béranger se soit d’abord trop laissé entraîner à la peinture de mœurs, que plus tard sans doute il eût voulu pouvoir corriger ? […] Il est trop tard pour que j’en profite ; mais je fais des vœux pour que des témoignages si précieux de confiance et de bienfaisance aillent s’ajouter à tout ce qu’on sait déjà, et achèvent de faire connaître l’homme qui, vivant d’économie et de privations, tenait presque toujours 100 francs pour les fins de mois à la disposition de son maire.

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