Les herbes ont chacune leur propriété, leur naturel et singularité ; mais toutefois le gel, le temps, le terroir, ou la main du jardinier y ajoutent ou diminuent beaucoup de leur vertu : la plante qu’on a vue en un endroit, on est ailleurs empêché de la reconnaître. […] Par deux fois La Boétie lui parle en ce sens et comme pour le prémunir contre ce penchant au libertinage, qui peut contrarier en lui et compromettre sa lutte noble et courageuse : La plus grande partie des prudents et des sages, lui dit-il, est méfiante et n’a foi à une amitié qu’après que l’âge l’a confirmée et que le temps l’a soumise à mille épreuves : mais nous, l’amitié qui nous lie n’est que d’un peu plus d’une année, et elle est arrivée à son comble ; elle n’a rien laissé à ajouter. […] Mais il a pu retoucher son traité et y ajouter çà et là quelques phrases après l’avoir composé.