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643. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Beethoven, qui, avec un effrayant génie, avait compris ce besoin d’une langue musicale définie, employait fréquemment des airs russes ou polonais, par exemple dans ses dernières sonates et dans ses quatuors. […] Mais ce qui frappe surtout dans ces chansons populaires, c’est la concordance extraordinaire entre les paroles et les airs ; dans dix, vingt chansons, sur des sujets pareils on retrouve la même tournure mélodique. […] Les airs, les cavatines, les duos, les ensembles, tels qu’on les a employés dans les opéras italiens et français, sont des boîtes faites d’avance où le musicien doit enfermer les émotions de ses personnages ; c’était gêner le libre développement de ces émotions, leur imposer des limites et des répétitions arbitraires ; aussi nos compositeurs ont-ils renoncé à toutes ces formules. […] Le principal lien avec Wagner est la prédominance du drame sur la symphonie et la volonté d’éviter les formes canoniques (airs, cavatines, duos) imposées par les opéras italiens et français… Ils préfèrent, suivant Wagner, la mélodie continue et le récitatif continu pour laisser s’exprimer l’émotion.

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