Je ne sais pas d’exemple plus propre à marquer la difficulté de condition qui est faite dorénavant aux poètes modernes, condition la plus opposée à celle des poètes de l’Antiquité, lesquels, avant l’institution de la critique, avaient pour eux et en faveur de leurs créations les bruits, les fables, les erreurs répandues dans l’air, pourvu qu’elles fussent touchantes et de nature à exciter l’intérêt. […] Il n’y a plus guère moyen de mentir ; il n’y a plus moyen surtout d’inventer en l’air et de rêver. […] Étant à Alcala, où on l’avait envoyé pour le bon air, il eut envie, quoique en général il fût assez peu porté pour les femmes, de rencontrer la fille du concierge qui était à son gré et qu’on voulait l’empêcher de voir. […] En un mot, on put apercevoir, à cette occasion, comme flottants dans l’air, les germes de ce qui serait devenu en d’autres temps une légende, mais qui ne purent éclore qu’imparfaitement à cause du climat un peu froid et rigoureux qu’impose le régime de l’histoire.