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12. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

Les unes ont été composées pour être propres à produire un certain effet, et les autres pour être propres à produire un effet contraire. à la guerre, lorsqu’il faut faire marcher les troupes en avant, les instrumens ne jouent pas un air du même caractere que celui qu’ils jouent, lorsqu’il faut qu’elles se retirent. […] Les romains sur tout se piquoient d’exceller dans les airs militaires. […] Comme il avoit découvert que le quartier d’assemblée des romains, en cas d’allarme imprevûë, étoit le théatre de la ville, il y fit sonner le même air que les romains faisoient sonner pour s’assembler : mais les soldats de la garnison reconnurent bien-tôt à la mauvaise maniere avec laquelle la trompette étoit embouchée, que ce n’étoit pas un romain qui en sonnoit, et se doutant bien de la ruse de l’ennemi, ils se refugierent dans la forteresse, au lieu de se rendre sur la place d’armes. […] " le pouvoir que le chant a sur nous est si grand, c’est Macrobe qui parle, qu’on fait jouër aux instrumens militaires un air propre à rechauffer le courage, lorsqu’il faut aller à la charge, au lieu qu’on leur fait jouër un air d’un caractere opposé, lorsqu’il faut faire une retraite. […] Je sçai bien que les circonstances où la musique peut agir avec efficacité sur les maladies, sont rares, et qu’il seroit ridicule d’ordonner des airs et des chansons, comme on ordonne les purgations et la saignée.

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