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910. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

M. de Longueville, outre la disproportion de son âge, avait le tort de paraître aimer Mme de Montbazon ; les deux rivales n’eurent pas de peine à se haïr. […] Elles sont souvent des caractères qu’y grave la divine Miséricorde, pour faire lire aux personnes qui ont trop aimé leur teint que c’est une fleur sujette à se flétrir devant que d’être épanouie, et qui, par conséquent, ne mérite pas qu’on la mette au rang des choses que l’on peut aimer. » Le courtois évêque ne s’étend si complaisamment sur ces traces miséricordieuses au visage, que parce qu’il est sûr par Mlle Paulet qu’il n’y en a point. […] On la voit dans ses conseils près de M. le Prince, à Saint-Maur, tantôt vouloir l’accommodement parce que M. de La Rochefoucauld le désire, tantôt vouloir la rupture parce que la guerre l’éloigne de son mari, « qu’elle n’avoit jamais aimé, dit Retz, mais qu’elle commençoit à craindre. » Et il ajoute : « Cette constitution des esprits auxquels M. le Prince avoit affaire eût embarrassé Sertorius165. » Fâcheux et bizarre augure ! […] Elle dit en finissant : « Il m’est venu encore une pensée sur moi-même, c’est que je suis fort aise, par amour-propre, qu’on m’ait ordonné d’écrire tout ceci, parce que sur toute chose j’aime à m’occuper de moi-même et à en occuper les autres, et que l’amour-propre fait qu’on aime mieux parler de soi en mal que de n’en rien dire du tout. […] Mlle du Vigean avait été aimée du duc d’Enghien autrefois, avant la Fronde ; il voulait même se démarier, dit-on, et l’épouser ; ces amours traversées par Mme de Longueville, qui en avertit M. le Prince son père, avaient eu, du côté de la dame, le cloître pour tombeau.

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