Cette religion n’est point faite pour des femmes qui rêvent, attendent et soupirent, mais pour des hommes qui s’examinent, agissent et ont confiance, confiance en quelqu’un de plus juste qu’eux. […] Pour réprimander les grands qui s’approprient les communaux par des enclos, il leur fait le détail des nécessités du paysan, sans le moindre souci des convenances ; c’est qu’il ne s’agit point ici de garder des convenances, mais de produire des convictions. « Une terre à labour a besoin de moutons, car il leur faut des moutons pour fumer leur terre, s’ils veulent qu’elle porte du grain ; en effet, s’ils n’ont point de moutons pour les aider à engraisser leur terre, ils n’auront que du pauvre blé et maigre. […] Son plus éminent docteur, John Hales369, « déclare plusieurs fois qu’il renoncerait demain à la religion de l’Église d’Angleterre, si elle l’obligeait à penser que d’autres chrétiens seront damnés, et qu’on ne croit les autres damnés que lorsqu’on désire qu’ils le soient370. » C’est encore lui, un théologien, un prébendiste, qui conseille aux hommes de ne se fier qu’à eux-mêmes en matière religieuse, de ne s’en remettre ni à l’autorité, ni à l’antiquité, ni à la majorité, de se servir de leur propre raison pour croire « comme de leurs propres jambes pour marcher », d’agir et d’être hommes par l’esprit comme par le reste, et de considérer comme lâches et impies l’emprunt des doctrines et la paresse de penser. […] Cette imagination, puissante comme celle des artistes, mais plus violente que celle des artistes, agit dans l’homme sans le concours de l’homme, et l’assiége de spectacles qu’il n’a ni voulus ni prévus.