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914. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Dimanche 18 janvier La femme, l’idée du plaisir que cet être énigmatique pour un enfant, pouvait apporter à un homme, m’a été suggérée pour la première fois par mon père, disant à un compagnon d’armes devant moi — je n’avais pas plus de dix ans, — disant qu’à la suite de je ne sais quelle affaire en Autriche, il avait été fait prisonnier, et envoyé sur la frontière de la Turquie, et que jamais il n’avait été plus heureux, que le vin y était excellent, et qu’on avait, tant qu’on voulait, des femmes charmantes. […] Il se mettait à boxer, et il avait heureusement affaire à un Anglais, ne sachant pas boxer, ne sachant pas porter un coup droit. […] Un jeune homme était allé, un de ces jours-ci, causer affaires, avec un banquier israélite, un des grands banquiers parisiens. […] » Tout démonté qu’il était, le jeune homme continuait à exposer son affaire dans l’inattention du banquier, dont il voyait les regards se porter rapides, à droite, à gauche, quand tout à coup, dans un ramassement de main, il attrapa une mouche, qui rentra dans le sucrier. […] Demande à Daudet de m’avoir une consultation de Potain, et de venir un peu causer affaires sérieuses.

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