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1802. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

On a prétendu que, s’il n’avait pas approfondi l’art, il avait au moins donné aux gens du monde connaissance des branches de la littérature que leurs affaires ou leurs distractions les empêchent d’étudier : c’est trancher légèrement, ce me semble. […] Ce Rollin, translateur des histoires de l’antiquité, dont la mémoire était pleine de faits et de harangues politiques et sacrées, alliait-il à ses leçons littéraires des incidences oratoires sur les affaires des républiques et des empires ? […] Je ne parle pas seulement de ces auteurs érudits qui n’entendent que la lettre et non l’esprit de l’histoire, ni de ces docteurs de vingt ans qui, la tête frappée des faits qu’ils ont lus au collège, présument étourdiment, en versifiant les harangues de Tite-Live et de Salluste, en rimant de froides sentences, remplissage de leurs cinq actes, offrir le tableau des affaires d’état, et des intérêts des cours, qu’ils n’ont pas appris à connaître : je parle de Racine lui-même, de Voltaire, de Crébillon, qui, bien que les plus habiles de nos tragiques, n’ont atteint Corneille en cette partie que par intervalles, et qui furent plus constants dans le pathétique que dans la sublimité. […] Il n’aima la gloire que pour elle-même ; capable de diriger les grandes affaires, il négligea celles de la fortune, pour vaquer plus librement aux travaux de sa réputation. […] Voltaire se plut aussi dans la familiarité d’un souverain ; mais plus façonné aux affaires du monde que l’auteur d’Athalie, son esprit choisit mieux le prince, chez qui pourtant il ne demeura pas longtemps en paix.

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