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1701. (1903) Le problème de l’avenir latin

Je comprends et j’admire cette soif de certitude. […] C’est cette brusque initiation de barbares, naïfs et non-pensants, avideset légers, à une foule de choses vieilles et compliquées, qui nous paraît avoir eu des conséquences déplorables… Nous voyons bien le noble dans sa merveilleuse villa, le citoyen dans sa cité aux nobles architectures, l’industriel dans son usine, le paysan sur son champ défriché, le batelier sur le fleuve, le commerçant, l’avocat, le prêtre, le professeur, l’artiste, le magistrat ; nous admirons cet épanouissement prodigieux de tant d’activités nouvelles sur la sauvage terre celtique. […] Alors qu’une éducation méthodique, qu’un dégrossissement progressif seraient seuls efficaces en un tel cas, le Gaulois s’efforce d’acquérir en bloc les qualités qu’il admire chez son vainqueur. […] On se rappelle cet épisode fameux qui prouve que le monde grec, au ive  siècle avant Jésus-Christ, souffrirait déjà, comme le nôtre, de la maladie sophistique : « Si donc un de ces hommes habiles dans l’art de tout imiter et de prendre mille formes différentes, venait chez nous pour y faire admirer son art et ses ouvrages, nous lui rendrions hommage comme à un homme divin, ravissant et merveilleux ; mais nous lui dirions que notre Etat n’est pas fait pour posséder un homme comme lui ; et qu’il ne nous est pas permis d’en avoir de semblables.

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