Pour tout dire, l’épopée étant destinée à consacrer ce qui est mémorable, refuse d’admettre des choses aussi fugitives que les existences individuelles et que les noms privilégiés par des institutions qu’on change et qu’on oublie. […] néanmoins, de quel droit l’accuserions-nous d’avoir fait abus d’un système dont l’usage est encore admis dans notre poétique plus épurée ? […] Les épisodes sont dans la poésie épique ce que sont les digressions dans le discours : en effet l’épopée étant une narration continue, ne souffre rien d’étranger au récit, et n’admet ni les réflexions morales, ni les développements oratoires qui interviennent subsidiairement dans le sujet des traités polémiques, des harangues, ou des panégyriques. […] Le plan formé par le Dante n’admettait que trois divisions principales. […] Je ne crains pas pourtant que mes arguments puissent être allégués contre la supériorité de l’auteur portugais : ses qualités prévalent sur ses fautes ; elles ne sont imputables qu’à son temps, et qu’à l’esprit des vieilles écoles, qui n’admettaient d’autre merveilleux que le mythologique ; mais ses beautés originales sont dignes des meilleurs âges littéraires.