/ 2380
269. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

La pensée, nourrie par l’étude, prépare à l’action politique ; l’action politique donne un corps à la pensée, exerce le caractère, enseigne par l’expérience les choses humaines et construit en nous le suprême résultat d’une longue vie, la philosophie (ce que les anciens appelaient la sagesse). […] Si l’on aperçoit une insuffisance dans quelques grands hommes d’action, c’est que la pensée, à un certain degré, leur manque. Si l’on sent la faiblesse dans quelques grands hommes de lettres, c’est que l’action n’a pas retrempé leur âme dans la réalité des choses. […] L’œil voit et ne voit pas : ainsi notre âme, qui voit tant de choses, ne voit pas ce qu’elle est elle-même ; mais pourtant elle a la conscience de sa pensée et de son action. […] N’y a-t-il pas des actions d’elles-mêmes infâmes, lors même que leur auteur échapperait à la flétrissure publique ?

/ 2380