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342. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

En admettant que les espèces sont seulement des variétés fortement tranchées et permanentes et que chaque espèce a existé d’abord comme variété, nous pouvons comprendre pourquoi aucune ligne de démarcation n’est possible entre les espèces, qu’on suppose communément avoir été formées par autant d’actes créateurs, et les variétés, qu’on reconnaît avoir été produites par des lois secondaires. […] La présence de ces espèces particulières de Chauves-Souris et l’absence d’autres mammifères sur les îles océaniques sont deux faits entièrement inexplicables d’après la théorie des actes de création indépendants. […] Ces auteurs ne semblent pas plus s’étonner d’un acte miraculeux de création que d’une naissance ordinaire ; mais croient-ils réellement qu’à d’innombrables époques de l’histoire de la terre, certains atomes élémentaires ont reçu l’ordre de jaillir soudain en tissus vivants ? Croient-ils que chacun de ces actes de création supposés ait produit un seul individu ou plusieurs ? […] Plusieurs auteurs ont dit qu’il était aussi aisé de croire à la création de cent millions d’être que d’un seul ; mais que l’axiome philosophique de « la moindre action », dû à Maupertuis, sollicite l’entendement à admettre plus volontiers le plus petit nombre possible d’actes créateurs ; et certainement nous ne pouvons croire que d’innombrables êtres dans chaque grande classe aient été créés avec les marques apparentes mais trompeuses de leur descendance d’un même ancêtre.

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