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1724. (1887) George Sand

Elle se maria presque passivement, comme elle faisait tous les actes extérieurs de sa vie. […] Écoutez Mme Sand nous retracer à sa façon les hautes origines de l’amour : « Ce qui fait l’immense supériorité de ce sentiment sur tous les autres, ce qui prouve son essence divine, c’est qu’il ne naît point de l’homme même, c’est que l’homme n’en peut disposer ; c’est qu’il ne l’accorde pas plus qu’il ne l’ôte par un acte de sa volonté ; c’est que le cœur humain le reçoit d’en haut sans doute pour le reporter sur la créature choisie entre toutes dans les desseins du ciel ; et quand une âme énergique l’a reçu, c’est en vain que toutes les considérations humaines élèveraient la voix pour le détruire ; il subsiste seul et par sa propre puissance. […] Y céder, c’est faire acte pie ; y résister serait un sacrilège ; le blâmer dans les autres, une impiété. […] Dès lors il va prendre sa place, qui sera la première, dans cette journée romantique ; il marque en tout genre une supériorité de virtuose, de philosophe, d’ami dévoué (bien qu’improvisé), d’amant chevaleresque, si bien qu’il remplit toute la fin de la journée, toute la soirée qui la termine et la matinée qui la recommence, des propos les plus fins, les plus brillants, les plus poétiques, des actes les plus audacieux, des engagements de cœur les plus hardis, arrêtés à temps avec une discrétion que n’aurait pas un homme du monde.

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