Ainsi au temps de Louis XIV, la flatterie se gonfle en hyperboles énormes, quand Boileau s’écrie : Grand roi, cesse de vaincre ou je cesse d’écrire ; quand l’Académie met au concours ce sujet : De toutes les vertus du prince laquelle mérite la préférence ; quand la même Académie reçoit comme un de ses membres, le duc du Maine, âgé seulement de treize ans, mais bâtard du roi ; quand Racine l’assure que, s’il n’y eût pas eu de place vacante, chacun des académiciens existants aurait été heureux de mourir pour lui en faire une. […] On se demande pour quels motifs ignorés du vulgaire l’Académie a décrété que honneur et honnête prendraient deux n, tandis que les mots latins correspondants, ainsi d’ailleurs qu’honorable en français, se contentent d’en avoir une. […] Une simplification notable, à défaut de la refonte totale souhaitée par quelques intransigeants qui veulent calquer l’écriture sur la prononciation, s’accomplira aussi en France, avec l’Académie française, si elle consent à sortir de ses perpétuels atermoiements, sans l’Académie, si elle tarde ou se dérobe. […] Il n’est jamais indifférent de savoir qu’à tel moment une Université, une petite cour, une Académie ont été, sur tel ou tel point du sol national, des centres lumineux d’un rayonnement plus ou moins vaste. […] Discours de réception à l’Académie française.