Qui, de l’ensemble originel, détache, pour l’étude, un élément, ne tardera point à juger cet élément (et comme de l’ensemble, l’homme commence par s’extraire lui-même on voit à qui va sa première adoration) doué de vie en soi, et ainsi, lui accordera la priorité, sans doute même, pouvoir absolu sur l’ensemble dont il est extrait. […] Dans le premier manifeste du surréalisme Breton, dès 1924, avait constaté : Le rationalisme absolu qui reste de mode ne permet de considérer que les faits relevant étroitement de notre expérience. […] Mais, l’éblouissant, dont, l’homme veut doubler ses ténèbres, cette clarté absolue qu’il invente derrière les heures obscures, cet invisible, par quoi, il entend purifier, remplacer l’univers, dès que le crépuscule se met à en effacer le dessin, les couleurs, toutes ces chimères compensatoires, ces bêtes à bon Dieu qui ne sont pas, hélas, des coccinelles, se vengeront sur les jours et sur les nuits, qu’elles déchireront de leurs griffes, étoufferont de leurs monstrueux membres gothiques, meurtrières à l’intelligence et au cœur de l’homme qui les laisse rôder autour de son âge moyen, tout comme, à son moyen âge, elles assassinèrent, à jamais, le bonheur, les élans du monde chrétien. […] Transparent, de cette transparence absolue dont parle René Char dans Artine, transparence qui protège le jeu des idées, quand, enfin, le verbe jouer n’est plus un doublet parent pauvre du verbe jouir. […] Ainsi, de son paysage de cendre, chaque gnome démembré se croyait souverain d’autant plus absolu que sans sujet.