Par la pensée, et avec la confirmation auxiliaire des faits sensibles, nous faisons correspondre, membre à membre, deux grandeurs artificielles, ou nous faisons coïncider, élément à élément, deux grandeurs naturelles ; si cette correspondance ou cette coïncidence sont absolues, l’idée d’égalité naît en nous. […] Bref, nous concluons d’un lieu à un lieu différent et d’un instant à un instant différent, avec autorité et certitude, lorsque cette différence, ayant manifesté son manque absolu d’influence, peut être considérée par rapport au mouvement comme nulle, et que, toute autre différence influente étant exclue par hypothèse, les deux lieux et les deux instants deviennent rigoureusement les mêmes par rapport au mouvement. […] Nous ne sommes plus capables seulement de connaissances relatives et bornées ; nous sommes capables aussi de connaissances absolues et sans limites ; par les axiomes et leurs suites, nous tenons des données qui non seulement s’accompagnent l’une l’autre, mais dont l’une enferme l’autre. […] Leur liaison est donc absolue et universelle, et les propositions qui les concernent ne souffrent ni doutes, ni limites, ni conditions, ni restrictions. — À la vérité, ces propositions sont hypothétiques ; tout ce qu’elles affirment, c’est que, si la première donnée se rencontre quelque part et notamment dans la nature, la seconde donnée ne peut manquer de s’y rencontrer, par conséquence et contrecoup.