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702. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

C’est à eux que l’on s’est toujours reporté pour avoir cette moralité complète, qu’on ferait mieux d’appeler absolue. […] De quelque manière qu’on se représente la transition de la justice relative à la justice absolue, qu’elle se soit faite en plusieurs fois ou tout d’un coup, il y a eu création. […] Et c’est elle que nous retrouvons en morale, quand les formes de plus en plus larges de la justice relative sont définies comme des approximations croissantes de la justice absolue. […] Et il serait non moins instructif de chercher comment, une fois conçue, sous une forme d’ailleurs vague, la justice absolue resta si longtemps à l’état d’idéal respecté, qu’il n’était même pas question de réaliser. […] Celui qui voudrait pratiquer l’égoïsme absolu devrait s’enfermer en lui-même, et ne plus se soucier assez du prochain pour le jalouser ou l’envier. il entre de la sympathie dans ces formes de la haine, et les vices mêmes de l’homme vivant en société ne sont pas sans impliquer quelque vertu : tous sont saturés de vanité, et vanité signifie d’abord sociabilité.

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