Il ne nous restait donc que la ressource d’être les échos de tous les rhéteurs qui se récrient confusément sur les beautés éloquentes de Lucain, quand il plaint le renversement de Rome ; et qui lui reprochent ton enflure, quand il admire le vainqueur et sa fortune. […] On admire l’Énéide parce qu’on y voit commencer Rome et Carthage ; et que l’enfance de ces fameuses rivales, nées pour se disputer l’empire de la terre et des mers, porte en elle une auguste empreinte de leur destinée future. […] « Rome sut opposer, craignant leur barbarie, « La croix à l’alcoran, le zèle à leur furie. […] Les amours d’Énée et de Didon ne pourraient être retranchées de l’Énéide, sans préjudice pour la fable, à laquelle l’auteur a su les identifier, en les liant au principe des haines de Rome, dont il raconte l’origine, et de Carthage, son ancienne ennemie. […] Hâtez-vous de mourir, et d’un humble bûcher descendez parmi nous avec les grandes âmes, en foulant aux pieds la fortune et l’orgueil de tous ces demi-dieux de Rome.