Je crois le lui avoir dit souvent alors : lui, né pour Rome et pour Athènes, voyant les barbares déborder et les meilleurs se corrompre, il se réfugiait dans son Armorique et s’y cantonnait, s’y armait jusqu’aux dents, comme Sertorius en son Espagne. […] Un autre jour, le poëte, errant dans Rome, vient à découvrir qu’une église y est dédiée au pauvre évêque breton, à Malo, sous le nom italien de saint Mauto, et dès ce moment, pendant bien des journées, il ne pense plus qu’à son patron chéri ; si Saint-Pierre est, un soir, illuminé en l’honneur de quelque saint inconnu, il se dit que c’est pour le sien ; et, tout fier d’avoir signalé la basilique cachée, il s’écrie : Patron des voyageurs, les fils de ton rivage, Venus à ce milieu de l’univers chrétien, Connaîtront désormais ton nom italien, Et tu seras un but dans leur pèlerinage. Les plus tendres de cœur à Rome apporteront Quelques fleurs des landiers pour réjouir ton front ; Mais là-bas, près des mers, sous ta sombre chapelle, Fête-les au retour, bon Saint, et souris-leur Quand sur ton humble autel ils mettront une fleur De la Ville éternelle. La Lettre à un Chanteur de Trèguier, écrite sur le chemin de Rome, est une des excellentes pièces du volume. […] Comme je voyageais sur le chemin de Rome, lannic Côz, une lettre arrivait jusqu’à moi ; On y parle de vous, brave homme, Des chanteurs de Tréguier vous le chef et le roi.