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684. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ce qui fait que Pierre Corneille, devant qui l’éternel respect des esprits s’agenouille, plus grand poète que Racine, n’est pas, quant au Théâtre, aussi parfait que lui, c’est que, en son génie, comme solitaire, éloigné des contingences, il dédaigna d’être le contemporain de soi-même. […] Comme il eût été intéressant de s’entretenir avec Racine ! […] Le poète Pierre Corneille, — si l’on prend le nom de poète, comme il convient ici, dans son sens exclusif, — fut plus grand que Racine, bien que Racine ait eu tant de charme et d’intimité poignante ; fut plus grand que Molière, bien que Molière en ses œuvres vastes et généreuses ait parlé une langue si extraordinairement adéquate au vouloir de sa pensée ; mais Corneille, lyrique et épique, écrivit pour le théâtre, tandis que Racine, tragique, et Molière, comique, furent le théâtre lui-même ; et il n’y eut, au xviie  siècle, ni ode ni épopée. […] les préciosités les plus futiles gardaient quelque chose de la cérémonie des menuets tragiques de Racine. […] Leur prétention d’évoquer Corneille et Racine n’eut d’autre effet que de ressusciter Campistron et de continuer Luce de Lancival.

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