Celui qui a rempli véritablement le vœu de Vaugelas, et qui a fait voir, non plus par ses préceptes, mais par son exemple, que notre langue possédait en effet tous ces mérites d’élégance, de chasteté, de hardiesse voilée et d’harmonie soutenue, qui est-ce donc, je le demande, si ce n’est Racine ? Ce n’est pas un médiocre honneur pour Vaugelas d’avoir préparé à Racine sa langue, de lui avoir aplani les voies d’élégance et de douceur dans la diction, et d’avoir si bien et si exactement défini tout ce rare ensemble de qualités possibles, qu’il n’y manque plus que d’écrire en marge le nom du plus parfait écrivain. Entendons-nous bien : je ne parle pas de la langue de Molière, plus riche, plus ample et plus diversement composée ; mais quand on se place au point de vue de Racine, au centre de son œuvre, et qu’on le considère, ainsi que l’ont fait Voltaire et tous ceux de son école, comme le dernier terme de la perfection dans le style, on n’a pas alors à signaler de meilleur préparateur que Vaugelas. Vaugelas, c’est proprement le fourrier de Racine : il lui apprête et lui appareille le logis.