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823. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Et cependant on n’avait pas crié au plagiat lorsque Molière et Racine avaient traduit littéralement des pièces quasi entières d’Aristophane et des tragiques grecs. […] Au temps de Shakespeare, l’ombre d’Hamlet produisait plus d’effroi et d’émotion qu’elle n’éveillait de réflexions philosophiques, et au temps de Molière, la statue du commandeur, malgré le comique au milieu duquel elle se présentait, faisait encore passer un certain frisson dans les veines des spectateurs. […] Tout Hamlet, tel qu’il est analysé dans Wilhelm Meister g, appartient donc à Goethe, et non à Shakespeare, de même que tout le Don Juan de Mozart, tel qu’il est analysé dans le conte d’Hoffmann, appartient à Hoffmann et nullement à Mozart, nullement à Molière, nullement à la chronique espagnole, de même encore que Faust n’appartient ni à la chronique germanique, ni à Marlowe, ni à Widmann, ni à Klinger, mais à Goethe seul. […] Il publia ainsi la Molière et le La Fontaine ; mais il perdit quinze mille francs dans cette opération, et c’est pour s’acquitter qu’il fit les autres entreprises, lesquelles l’endettèrent encore plus.

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