C’est faire injure à Molière que de le nommer le premier poète comique du monde ; on doit dire : le seul, tant il est au-dessus de tous. […] Comme Racine et Massillon, passent avec raison pour les écrivains les plus irréprochables, ces messieurs voudraient, par exemple, que Racine eût écrit les tragédies de Corneille, et Massillon les oraisons funèbres de Bossuet ; si on les laissait dire, ils regretteraient de bonne foi que les fables de La Fontaine n’aient pas été versifiées par Colardeau, et les comédies de Molière par Gresset ; parce que de cette manière la perfection du langage se trouverait, suivant eux, réunie à la supériorité des conceptions et des pensées. […] La versification de Racine est sans doute admirable, mais celle de Corneille, de Molière et de La Fontaine, est admirable aussi par des qualités toutes différentes.