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298. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

De ce que Du Bellay, par exemple, aura conseillé aux poètes ses contemporains « de restituer les tragédies et comédies en leur ancienne dignité » lui ferons-nous honneur, sinon d’avoir ouvert la voie, mais au moins de l’avoir indiquée aux Corneille, aux Molière, aux Racine ? […] Remarquez en effet qu’avant lui, qu’avant Molière et qu’avant Pascal — dont il convient ici de joindre les noms au sien, — la littérature est essentiellement aristocratique. […] Mais, avec Pascal, avec Molière, avec Boileau, l’esprit bourgeois prend conscience de sa force ; il s’oppose à l’esprit aristocratique des salons et des ruelles ; il s’émancipe de la protection du grand seigneur ou du financier, et conséquemment de l’obligation de leur plaire. […] Ils ont accordé, ils ont concédé quelque chose à la mode, Molière la cérémonie du Bourgeois Gentilhomme, Racine ses Pyrrhus, ses Xipharès et ses Achille. […] Et, à la vérité, Molière l’avait bien dit dans sa Critique de l’École des Femmes, Racine dans ses Préfaces, Boileau lui-même dans son Art poétique.

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