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444. (1890) L’avenir de la science « VI »

Pourquoi l’érudit est-il en France, je ne dis pas l’objet de la raillerie des esprits légers  ce serait pour lui un titre d’honneur — mais un meuble inutile aux yeux de bien des esprits délicats, quelque chose d’analogue à ces vieux abbés lettrés qui faisaient partie de l’ameublement d’un château au même titre que la bibliothèque. […] Ces plaisanteries ont ce faux air de bon sens si puissant en France, et qui y règle trop souvent l’opinion publique. […] Il n’entre pas dans mon plan de rechercher jusqu’à quel point le système d’instruction publique adopté en France est responsable du dépérissement de l’esprit scientifique. […] Ce n’est pas moi qui calomnierai l’enseignement des facultés : l’Allemagne n’a rien à comparer à la Sorbonne ni au Collège de France. […] Notre susceptibilité à cet égard est peut-être une des causes pour lesquelles la philologie, bien que représentée en France par tant de noms illustres, est toujours retenue par je ne sais quelle pudeur et n’ose s’avouer franchement elle-même.

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