C’est alors ou peu après, dans la préface de la Littérature considérée dans ses Rapports avec les Institutions sociales, qu’elle exprimait cette mâle pensée : « Quelques vies de Plutarque, une lettre de Brutus à Cicéron, des paroles de Caton d’Utique dans la langue d’Addison, des réflexions que la haine de la tyrannie inspirait à Tacite,… relèvent l’âme que flétrissaient les événements contemporains. » Et cela ne l’empêche pas au même moment de se rouvrir et de se complaire à toutes les amitiés de l’ancien monde, à mesure qu’elles reparaissent de l’exil. […] Elle disait plus tard que l’enlèvement de Clarisse avait été l’un des événements de sa jeunesse : mot charmant, une fois trouvé, qui résume tout un monde d’émotions premières ; que ce soit à propos de Clarisse ou de quelque autre, chaque imagination poétique et tendre peut se redire cela. — Le plus précoce des écrits imprimés de Mlle Necker, s’il était réellement d’elle, devrait être un volume intitulé Lettres de Nanine à Simphal, que M. […] Mais dès lors, au dire de Grimm, l’objet de ces satires avait su se placer à une hauteur où de pareils traits ne portaient pas. — Les terribles événements de la Révolution française vinrent couper court à cette première partie d’une vie littéraire si brillamment accueillie, et suspendre, utilement, je le crois, pour la pensée, le tourbillon mondain qui ne laissait pas de trêve. […] Quoique le livre de la Littérature n’ait pas eu depuis lors le retentissement et l’influence directe qu’on aurait pu attendre, ce fut, dans le moment de l’apparition, un grand événement pour les esprits, et il se livra à l’entour un violent combat. […] La publication posthume des Considérations, qui eut lieu en 1818, fut un événement et constitua à Mme de Staël de brillantes et publiques funérailles.