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567. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Non pas que le public, tout de suite après la révolution de juillet, soit revenu complètement à la critique régulière, mais enfin s’il ne l’aime pas encore, elle ne lui est pas tout à fait insupportable, et l’on commence à comprendre, pour peu que les événements le permettent, que les lecteurs se rencontreront bientôt qui ne de manderont pas mieux que d’oublier, en ces oisives et curieuses recherches, l’oubli de l’agitation de la rue, et des colères du carrefour. […] Au contraire, il me semble que plus vous serez simple et uni comme bonjour, jasant avec moi des événements, des accidents et des opinions de la veille, et plus je trouverai que vous êtes un écrivain à ma portée, un narrateur bonhomme, un critique attaché au fait principal. […] L’auteur n’entend guère plus les passions qu’il ne sait l’histoire, et il se perd lui-même dans un chaos d’événements. […] La fantaisie ne tient compte ni du temps, ni du lieu, ni des distances, ni des caractères ; elle va son chemin au hasard ; tantôt elle court à perdre haleine ; tantôt elle s’arrête sans dire pourquoi ; ou bien elle attend les événements sans rien faire, pour les tourner au drame et aux coups de théâtre. […] En ce moment les événements sont graves : le cliquetis des épées fait tressaillir Don Juan qui court au danger, l’épée haute, car au moins faut-il, pour que cet homme soit supportable, qu’il ne tienne ni à son argent, ni à sa vie, les deux choses que les hommes estiment le plus.

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